Un peu de Off, beaucoup de In, les images et photographies défilent. De nouveaux lieux sont découverts (l’Atelier de l’urbanisme, le Palais des Congrès ou le théâtre de l’Archipel). Les conflits armés, la guerre contre la drogue, les violences urbaines et les défis climatiques défilent devant nos yeux. Les impressions sont partagées, parfois disputées mais un accord unanime : cette année, les photojournalistes ont beaucoup traité du conflit de Mossoul. Jean-François Leroy le souligne dans son éditorial. C’est l’occasion pour lui de s’interroger sur le fait de la possibilité de trop couvrir un conflit et de rappeler que de bons sujets photographiques peuvent être à proximité.
Comme sujets « proches », ayant retenu mon attention, il y a celui du devenir des veuves dans certaines parties du monde (Afrique, Inde etc) au Palais des Congrès. La qualité des photographies, la palette de couleurs déployée et le reportage en lui-même ont ému. La vie nomade des berbères au Maroc montrent un peuple fier et résistant aux dures conditions de vie. La série d’images en noir et blanc accentue cette dureté, leur dénuement mais ne leur enlève pas leur sourire. Cette fierté et cette résistance se retrouvent auprès des peuples indiens, qui se sont opposés au projet d’oléoduc Dakota Access Pipeline aux Etats-Unis.
Devant de tels sujets et de telles images, il est difficile de reprendre le cours de son quotidien. Cela fait pourtant partie de l’intérêt de cette manifestation. Elle nous remet dans notre vie à grands coups de pied, sans ménagement.
IsabelleM.
Nous avions également le plaisir d’accueillir,
Séverine Davignon Responsable du circuit document chez Carré d’Art Bibliothèques
elle nous fait part de son ressenti pour une première à Perpignan
– Daniel Berehulak, « Ils nous abattent comme des animaux »: un reportage « coup de poing » sur les méthodes policières employées par les autorités philippines dans leur lutte contre les consommateurs et trafiquants de drogue… Des images qui forcent la réflexion lorsque, pour un gouvernement, « la fin justifie les moyens » et tombe dans l’iniquité… Un traitement visuel aux couleurs saturées qui fait ressortir le côté surréaliste de la violence aléatoire, justifiée et théâtralisée politiquement… Daniel Berehulak s’est vu décerner à juste titre le prix Visa d’Or Magazine.
– Renée C. Byer, « La vie aux États-Unis pour les réfugiés afghans » : le quotidien des familles afghanes immigrées aux États-Unis suite à la reconnaissance par cet État du rôle qu’ils ont joué auprès de l’armée américaine pendant la guerre contre les talibans. Un constat amer pour ces hommes et femmes quasi livrés à eux-mêmes et qui doivent affronter la xénophobie, les brimades, des conditions de vie insalubres et l’absence d’équivalence de leurs diplômes, les contraignant à une survie sans perspective. Un point de vue factuel qui n’en laisse pas pour autant le spectateur insensible…
– Lu Gang, « Développement et pollution » : une descente aux enfers en Chine, causée par l’hyper pollution et la surexploitation des ressources naturelles depuis le boom économique, au détriment de la santé des agriculteurs, des mineurs et des populations vivant à proximité des sites de production. Un regard exempt de pathos mais qui interpelle durablement.
– Darcy Padilla, « Dreamers »: Une radiographie sans misérabilisme mais crue de la situation actuelle de la communauté amérindienne Lakota dans l’Ouest américain, ravagée par l’alcoolisme, les métamphétamines, le chômage et l’acculturation. Loin du mythe des grands chefs sioux rebelles Sitting Bull et Red Cloud, le déracinement identitaire et la résignation y sont montrés sans fard… Une immersion dans un monde en perdition qui remet profondément en question le « rêve américain ».
– Laurent van der Stockt, « La bataille de Mossoul » : avec une distance émotionnelle juste, Laurent van der Stockt, lauréat du prix Visa d’Or Paris-Match News largement mérité pour ce reportage, donne à voir l’apocalyptique sort des civils irakiens pris en étau entre les tirs des combattants de l’État islamique en déroute et ceux de l’armée irakienne venue reprendre le territoire conquis par les djihadistes. Les portraits des soldats, vivants ou morts, des deux camps sont également traités avec brio. Une réalité brute, qui dit toute la souffrance d’un peuple exsangue et le calvaire sisyphéen de l’armée irakienne pour permettre à ce pays de recouvrer sa souveraineté.
Et encore :
– l’indispensable et dérangeante enquête de Stephen Dock pour « La traite des êtres humains, le fardeau du Népal »,
– le magnifique hommage d’Amy Toensing aux veuves indiennes, ougandaises et bosniaques, aux statuts socialement dénigrés et juridiquement inexistants,
– le poignant combat des enfants de disparu(e)s péruvien(ne)s pendant les années 1980-2000 pour obtenir non seulement la reconnaissance juridique des meurtres perpétrés, mais les corps de leurs proches, afin de les ensevelir selon leurs coutumes traditionnelles,
– la rétrospective consacrée à un « grand » photoreporter, Stanley Greene, décédé cette année et qui avait notamment couvert la guerre en Tchétchénie dans les années 1990-2000. »
Rédactrice: Séverine Davignon
Pour aller plus loin, les prix attribués aux photographes de l’édition 2017 :
https://phototrend.fr/2017/09/gagnants-prix-visa-pour-limage-2017/
Pour infos:
http://www.visapourlimage.com/
Merci à Isabelle pour le texte, et aux photographes pour l’illustration ! C’était encore un bon moment, sans oublier notre Président qui a piloté le mini bus, avec comme assistante Cathy la trésorière, a qui nous devons le kit de survie à savoir: bombons sucrés, viennoiseries, aérosol d’eau vitaminée, et bonne humeur….. MERCI !
Merci Séverine pour tes émotions… Nous avons passé un agréable moment en ta compagnie.