Expo au pavillon Populaire

Pour ceux qui ne l’ont pas encore vue, durant la pause estivale je vous invite à aller voir ou revoir la très belle rétrospective des photos de William GEDNEY au pavillon populaire

(visible jusqu’au 17 septembre 2017)

WILLIAM GEDNEY

Only the lonely 1955-1984

Rétrospective d’un photographe solitaire, observateur de son temps

« Je ne me considère pas comme un photographe de « problèmes sociaux », ce qui m’intéresse avant tout est de faire de bonnes photographies. Mélanges sans recadrage de forme, de valeur et de contenu. Je préfère les actions ordinaires, les gestes intimes, les images dont la forme est une réponse instinctive à la matière. »

William Gedney

Lire la suite

Une inspiration tirée de la rue, de la nuit et de l’adolescence

Autodidacte, persuadé que la photographie constituait un moyen d’expression aussi efficace que la littérature et accompagnant d’ailleurs son oeuvre de multiples écrits, journaux, critiques, aphorismes, etc.

Gedney constitue l’exemple d’un magnifique photographe de rue, aussi bien porté vers les sujets ruraux – son travail sur le Kentucky, à la fin des années 1950, est exemplaire – qu’urbains : New York, où il vit le plus souvent, offre un champ d’action unique, comme à beaucoup de photographes de sa génération.

Tenté par la photographie de nuit (bien avant Robert Adams), s’attachant à la sensualité diffuse qu’il trouve dans ses sujets adolescents, Gedney se construit un style à mille lieux de tout effet spectaculaire, souvent marqué par son rapport intime au monde, et que dirige de plus en plus son homosexualité cachée qui ne se révèlera qu’à sa mort : il fut l’une des premières victimes du SIDA. Gedney instaure une oeuvre photographique dont l’influence souterraine se fait de plus en plus sentir après sa mort.

Son travail dans le Kentucky, ses photographies prises en Inde, ses reportages des parades gays dans les années 1980, constituent avec sa documentation sur les mouvements hippies de San Francisco à la fin des années 1960, la partie la plus riche de son oeuvre. Gedney instaure une oeuvre photographique dont l’influence souterraine se fait de plus en plus sentir après sa mort.

 

Quelques thèmes signant l’œuvre :

Le contact des gens ordinaires :

Dès ses premières séries photographiques, Gedney s’attache de près à témoigner des difficultés des gens ordinaires, ordinaires donc importants; cela donne à son œuvre une profondeur humaine empathique très forte.

La jeunesse et la sensualité :

Souvent les corps de jeunes hommes, d’adolescents peuplent le monde de Gedney, attirent le regard. Ils apparaissent tels des corps dont l’existence est double : absorbés par un décor inchangé au cours des ans, celui du délabrement architectural et environnemental.

Homosexualité et parades :

L’histoire des mouvements pour la reconnaissance des droits des homosexuels au Etats-Unis s’organise dès 1969 lorsque la police organise une descente brutale dans un bar gay de New York, le « Stonewall Inn »

William Gedney lui-même homosexuel photographie les « gay parades » dans un style beaucoup plus direct, plus explicite que celui de ses habituelles images. Il rend compte, sans détours, et de façon engagée, de cette nouvelle liberté sexuelle revendicative qui, à l’époque, paraît provocante.

Le temps qui passe au Kentucky :

La plus emblématique série de William Gedney réalisée durant les deux séjours qu’il effectua dans la région minière de Leatherwood ; Conformément à sa théorie d’immersion photographique, il fait la rencontre en 1964 de Willie et Vivian Cornet et leur 12 enfants, il réside durant deux semaines dans cette famille touchée durement par le chômage dans cette région subissant une grave crise économique. Il y retournera en 1972. Dans ses clichés, l’individu acquiert une importance considérable au sein de sa pratique photographique.

L’inde :

Il réalise son premier séjour en Inde à partir de novembre 1969. Il y séjourne 14 mois, installé principalement à Bénarès, fasciné par la vieille ville et ses traditions ancestrales. Gedney  se familiarise de près avec la culture hindoue, ses traditions, sa philosophie, vivant en pleine immersion avec les habitants.

Son style photographique devient alors plus fluide, plus « métaphysique », s’attachant aux scènes nocturnes. Ses images sont d’une proximité étonnante avec leurs sujets.

En 1979, Gedney retourne en Inde, cette fois en s’attachant à la ville de Calcutta, dont il saisit les contradictions nées d’une modernité en conflit avec le mysticisme et le sacré d’une civilisation menacée de disparition. Le 20 mars 1970, dans son journal, Gedney entérine ce changement : « Désormais, l’Inde n’est plus que la coquille fantôme de son passé… et l’argent, le nouveau Dieu ».

Rédacteur Patrick DEVIT

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.